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Mediterranean seaweeds listed as threatened under the Barcelona Convention: A critical analysis

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Faune marine

Abstract. The modern biodiversity crisis, the seventh extinction, is different from the six former
crises in that one species, Man, is alone responsible, rather than volcanic and astronomic
events. In addition to species that have become extinct due to human activity, an increasing
number of species are threatened (critically endangered, endangered, vulnerable and rare
species). The IUCN Red List of threatened species, together with the European Union (EU)
Habitats Directive and international conventions, largely ignore marine species. The reason
could be that these organisations are dominated by terrestrial taxonomic lobbies. Here,
the authors focus on macroalgae, a customary ensemble of multicellular photosynthetic
organisms, which is actually polyphyletic and encompasses three classes: Ulvophyceae
(‘green algae’) and Florideophyceae (‘red algae’) (kingdom Archaeplastida) and Phaeophyceae
(‘brown algae’) (kingdom Stramenopiles). In order to offset the huge imbalance between
the treatment of threatened species in the terrestrial and marine realms, by the 1980s
Mediterranean marine biologists had proposed a number of marine species for inclusion on
red lists and for legal protection. Highly conservative lists of 11 species, then of 47 species, were
included within Annex II (‘endangered and threatened species’) of the Barcelona Convention
(Mediterranean Action Plan of the United Nations): the Ulvophyceae Caulerpa prolifera (as
C. ollivieri), the Florideophyceae Beckerella dentata, Felicinia spathulata, Gymnogongrus
crenulatus, Lithophyllum byssoides, Schimmelmannia schousboei, Sphaerococcus
rhizophylloides, Tenarea tortuosa, Titanoderma ramosissimum and T. trochanter, and the
Phaeophyceae Cystoseira abies-marina, C. algeriensis, C. amentacea, C. barbata, C. barbatula,
C. brachycarpa, C. corniculata, C. crinita, C. crinitophylla, C. dubia, C. elegans, C. foeniculacea,
C. funkii, C. humilis, C. hyblaea, C. jabukae, C. mauritanica, C. mediterranea, C. micheleae,
C. montagnei, C. nodicaulis, C. pelagosae, C. rayssiae, C. sauvageauana, C. schiffneri,
C. sedoides, C. squarrosa, C. susanensis,, C. tamariscifolia, C. usneoides, C. zosteroides,
Fucus virsoides, Laminaria rodriguezii, Sargassum acinarium, S. flavifolium, S. hornschuchii
and S. trichocarpum. Unfortunately, this list is a mix on one hand of species that are far from
threatened (e.g. Cystoseira amentacea) and in some cases could even take benefit from
human impact and global warming (e.g. Caulerpa prolifera), and on the other of species that
are on the brink of extinction (e.g. Sargassum acinarium and S. hornschuchii). In any case,
this question is beside the point since, unlike terrestrial species, which benefit from legal
protection, these marine species do not benefit from legal protection, in France as in most
Mediterranean countries. It is quite astonishing that some marine species, 1 000 to 10 000
times rarer than terrestrial protected species, which have disappeared from a number of regions
and are on the brink of extinction elsewhere, like a marine equivalent of the giant panda, do
not benefit from any legal protection status, in France or in most of the 21 Mediterranean
countries that have signed the Barcelona Convention. The cases of Sargassum acinarium
and S. hornschuchii exemplify this situation, almost to the point of caricature; this is what
Thibaut et al. (2016a) referred to as ‘the Sargassum conundrum’.
Keywords: Barcelona Convention, Bern Convention, habitats Directive, macroalgae,
Mediterranean, protected species, threatened species.

Résumé. Les macroalgues méditerranéennes menacées de la Convention de
Barcelone : une analyse critique. La crise moderne de la biodiversité constitue la septième
extinction majeure dans l’histoire de la vie sur Terre ; elle diffère des six crises qui l’ont précédée
par le fait que c’est une espèce, l’Homme, qui en est le seul responsable, et non (en particulier)
des épisodes de volcanisme ou la collision avec des astéroïdes. En plus des espèces éteintes
du fait de l’Homme, un nombre croissant d’espèces sont menacées (en danger critique, en
danger, vulnérables et rares). Il est important de noter que, sans être éteintes, un certain
nombre d’espèces sont éteintes localement (dans une région, par exemple la Provence) ou
éteintes fonctionnellement (elles sont devenues trop rares pour jouer le rôle qui était le leur
dans le fonctionnement des écosystèmes).
La liste rouge des espèces menacées de l’IUCN (Union internationale pour la conservation de
la nature), de même que la Directive habitats de l’Union Européenne (UE), et les conventions
internationales telles que la Convention de Berne (Convention relative à la conservation de la
vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe) et la Convention de Barcelone (Convention pour la
protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée), ignorent largement ou totalement les
espèces marines autres que les oiseaux marins, les mammifères marins et les tortues marines.
La raison pourrait être que ces organismes internationaux sont dominés par des représentants
des lobbies taxonomiques terrestres. Dans le cadre du présent travail, les auteurs ont focalisé
leur attention sur les macroalgues, un ensemble coutumier d’organismes photosynthétiques
pluricellulaires qui est en fait polyphylétique ; cet ensemble correspond à trois classes : Ulvophyceae
(‘algues vertes’) et Florideophyceae (‘algues rouges’), ces deux dernières dans le règne des
Archaeplastida, et Phaeophyceae (‘algues brunes’), appartenant au règne des Stramenopiles.
De façon à tenter de corriger l’énorme déséquilibre qui existait dans le traitement des
espèces menacées, entre le milieu terrestre et le milieu marin, dans les années 1980s, des
biologistes marins méditerranéens ont établi une première liste d’espèces menacées, afin
qu’elles soient incluses dans les listes rouges et reçoivent un statut de protection légale.
Dans les années 1990s, cette démarche s’est poursuivie, dans le cadre des conventions
de Berne et de Barcelone. Finalement, une liste très restreinte de macroalgues a été incluse
dans l’annexe II (‘espèces en danger et menacées’) de la Convention de Barcelone ; elle
comportait au départ 11 espèces, nombre porté ensuite à 47 du fait de l’inclusion de toutes
les espèces du genre Cystoseira: l’Ulvophyceae Caulerpa prolifera (sous le nom de C. ollivieri),
les Florideophyceae Beckerella dentata, Felicinia spathulata, Gymnogongrus crenulatus,
Lithophyllum byssoides, Schimmelmannia schousboei, Sphaerococcus rhizophylloides, Tenarea
tortuosa, Titanoderma ramosissimum et T. trochanter, et les Phaeophyceae Cystoseira
abies-marina, C. algeriensis, C. amentacea, C. barbata, C. barbatula, C. brachycarpa,
C. corniculata, C. crinita, C. crinitophylla, C. dubia, C. elegans, C. foeniculacea, C. funkii,
C. humilis, C. hyblaea, C. jabukae, C. mauritanica, C. mediterranea, C. micheleae, C. montagnei,
C. nodicaulis, C. pelagosae, C. rayssiae, C. sauvageauana, C. schiffneri, C. sedoides,
C. squarrosa, C. susanensis,, C. tamariscifolia, C. usneoides, C. zosteroides, Fucus virsoides,
Laminaria rodriguezii, Sargassum acinarium, S. flavifolium, S. hornschuchii et S. trichocarpum.
Malheureusement, cette liste est un mélange d’espèces qui sont loin d’être menacées (e.g.
Cystoseira amentacea), et même qui pourraient tirer profit de l’impact de l’Homme et du
réchauffement climatique (e.g. Caulerpa prolifera) et d’espèces qui sont réellement menacées,
et même au bord de l’extinction (e.g. Sargassum acinarium et S. hornschuchii).
Quoi qu’il en soit des considérations qui précèdent, la question de la pertinence de cette liste
d’espèces n’a pas de réelle importance puisque, contrairement aux espèces terrestres, dont
des milliers bénéficient d’un statut de protection légale, aucune de ces espèces marines n’est
effectivement protégée, en France et dans la plupart des pays méditerranéens signataires
de la Convention de Barcelone. En effet, L’Annexe II établit une liste d’espèces menacées,
mais il appartient aux États de leur accorder un statut de protection légale. Il est surprenant
de constater que certaines espèces marines, qui sont 1 000 à 10 000 fois plus rares que
certaines espèces terrestres effectivement protégées, qui ont disparu dans un grand nombre
de régions et qui sont au bord de l’extinction ailleurs, équivalents marins du grand panda, ne
bénéficient d’aucun statut de protection légale en France et dans la plupart des 21 pays qui
ont signé la Convention de Barcelone. Les cas de Sargassum acinarium et de S. hornschuchii
sont exemplaires, presque caricaturaux, de cette situation ; c’est ce que Thibaut et al. (2016a)
ont appelé ‘l’énigme des sargasses’.
Mots-clés : Convention de Barcelone, Convention de Berne, Directive habitats, espèces
menacées, espèces protégées, macroalgues, Méditerranée.

Authors Marc VERLAQUE, Charles-François BOUDOURESQUE, Michèle PERRET-BOUDOURESQUE
Editor Parc national de Port-Cros
Number of pages 36
Reference Sci. Rep. Port-Cros natl. Park, 33: 179-214 (2019)
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