Parc national de Port-Cros et Porquerolles
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Le mimosa

Le mimosa d'hiver, Acacia dealbata, en dépit de l’attrait de ses belles fleurs, est une espèce exotique envahissante introduite autour de 1850 dans le sud de la France qui prend la place de la flore indigène. C’est aussi l’une des espèces les plus inflammables et combustibles. 
Retrouvez ci-dessous une interview de Pierre Lacosse, botaniste et garde au Parc national, par Emmanuelle Pouquet.

Mimosa, Acacia dealbata. Christel Gérardin

Mimosa d’hiver : comprendre la stratégie d’éradication

Avec Pierre Lacosse, botaniste, garde du littoral du Parc national de Port-Cros au cap Lardier.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser le mimosa n’est pas une espèce autochtone, mais exotique. « Originaire d’Australie, elle a été introduite autour de 1850 dans le sud de la France, explique Pierre Lacosse. C’est une espèce qui peut être utilisée par, et pour la parfumerie, l’horticulture, le bois, avec cet avantage qu’elle pousse vite. »

 

« Une fois arrivée en Provence, cette espèce a été tout de suite extrêmement concurrentielle vis-à-vis de la flore indigène qu’elle repousse car elle n’a pas de prédateur. Elle pose ainsi beaucoup de problèmes de conservation. C’est une espèce qui pendant très longtemps a colonisé les essais horticoles, car elle aime les sols acides et siliceux, mais cette démarche a ensuite été abandonnée. Mais elle a, dès lors, commencé à coloniser les milieux naturels et sa progression a été favorisée par les incendies dans ces espaces. »

« Une fois qu’elle a créé des forêts, elle a compensé sa faible durée de vie (entre 20 et 30 ans) par une abondante fructification. Le mimosa se singularise en effet par une reproduction asexuée et par le drageonnement, c’est-à-dire que le bourgeon pousse en aérien sur la racine ce qui permet une extension spatiale dès qu’on le coupe. Ainsi, lorsque l’on fauche le mimosa en surface et rarement, on contribue à le densifier. »

Les peuplements de mimosas sont des espaces potentiellement dangereux.

« C’est d’autre part l’une des espèces les plus inflammables et combustibles (elle a une facilité à brûler), donc les peuplements de mimosas sont des espaces potentiellement dangereux. Du coup, malgré l’attrait qu’il peut représenter localement notamment avec son utilisation dans les corsos fleuris, on a commencé à prendre conscience de cette problématique des mimosas à partir de la fin des années 90. »

« Face à cette possibilité d’envahissement, on a commencé à lutter, mais l’éradication, comme le contrôle, posent problème, c’est très compliqué. Nous travaillons depuis 20 ans avec le Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles qui a mis en place une stratégie régionale sur cette question. Nous avons réalisé un rapport sur nos vingt années d’expérience dans l’éradication de cette espèce au cap Lardier.  Il illustre les résultats de la technique de l’arrachage qui semble la plus efficace et qui favorise des écosystèmes locaux plus riches, plus variés et plus résistants au feu. »