L’Initiative PIM et le Parc national de Port-Cros partenaires pour la connaissance et la préservation des petites îles de Méditerranée, avec Annie Aboucaya
► Annie Aboucaya est Référente Flore, au service "Connaissance pour la gestion de la biodiversité" du Parc national de Port-Cros.
Programme initié en 2005 par le Conservatoire du littoral, l’Initiative PIM est aujourd’hui une ONG internationale qui œuvre pour la promotion et l’assistance à la gestion des espaces insulaires méditerranéens. « Ces petites îles ¹, explique Annie Aboucaya, le Parc s’y intéresse depuis longtemps, en particulier sous l’impulsion de Frédéric Médail (Professeur à l’IMBE - Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale - Aix Marseille )² qui a consacré de nombreux travaux à l’originalité biologique des petites îles de Méditerranée. »
Dans les années 90, le Parc national réalisait déjà des inventaires faune et flore sur un peu plus de vingt îlots satellites de la Presqu’île de Giens, Porquerolles, Port-Cros et Bormes.
« En 1995, on a commencé sur l’îlot du Langoustier à éradiquer les griffes de sorcière qui colonisent ces petits espaces et étouffent les espèces endémiques. Un programme décennal a ensuite été conduit de 2010 à 2019 sur Bagaud pour limiter les plantes exotiques envahissantes et le rat noir. »
Des inventaires tous les cinq ans avec un réseau de naturalistes bénévoles
Entre-temps, à la suite des travaux et publications de Frédéric Médail, Annie Aboucaya évoque « une prise de conscience dans les années 2000 » sur l’importance de préserver le patrimoine naturel de ces petits territoires insulaires qui ont un rôle déterminant dans la préservation de la biodiversité littorale de la région. Un partenariat a alors été engagé entre l’Initiative PIM et le Parc national de Port-Cros pour mener des campagnes d’inventaires faune et flore tous les 5 ans sur ces îlots. « Le Parc assure toute la partie logistique : déplacements et hébergement pour l’accueil des naturalistes amateurs ou professionnels qui viennent bénévolement mener ces campagnes d’inventaires pendant une semaine».
« Il y a des botanistes mais aussi des entomologistes, des herpétologues, des spécialistes des chauve-souris… Tout un réseau de passionnés qui viennent contribuer à l’amélioration des connaissances, en particulier sur les espèces les moins connues. » En 2021, une semaine d’inventaire sur la flore a eu lieu en avril et une autre sur la faune en juin.
Des découvertes et des constats
Les découvertes les plus marquantes ? « Sur l’îlot de la Gabinière, réserve intégrale du PNPC, des botanistes du Conservatoire botanique national de Porquerolles ont localisé de la Doradille marine (Asplenium marinum), une fougère très rare des falaises que l’on ne connaissait jusqu'à présent dans le Var que sur le rocher des Mèdes à Porquerolles ».
En avril dernier, Annie Aboucaya a également trouvé sur l’îlot de Léoube à Bormes une autre plante rare : la Phalangère de Mattiazi, « une petite monocotylédone, espèce protégée, qui a été observée pour la première fois sur l’archipel des îles d’Hyères ».
Ces campagnes de suivis sont aussi l’occasion d’observer d’autres éléments : « Cette année, on a constaté la faible représentation des plantes annuelles sans doute à cause de l'état de sécheresse marquant, et, de ce fait on refera une mission botanique avant cinq ans pour vérifier l'hypothèse. »
1. Les îles prises en compte dans le cadre de l’Initiative PIM doivent avoir une surface de moins de 1000 hectares et compter au moins une plante vasculaire.
2. Et membre du conseil scientifique du Parc national de Port-Cros.