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The driving force behind the doctrine and scientific strategy of the Port-Cros National Park (Provence, France): Jannick Olivier (1948-2019)

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Ecologie/Développement durable

Résumé. À l’origine de la doctrine et de la stratégie scientifique du Parc national de
Port-Cros (Provence, France) : Jannick Olivier (1948-2019). La mère de Jannick Olivier,
Janine Parascandola, descendait d’immigrés catalans et italiens et vivait à Alger. Son père,
Guy Canton, descendait de grandes familles d’Auvergne et de chrétiens maronites du Liban ;
conformément à la tradition familiale, il embrassa la carrière militaire, dans l’aviation. Janine
Parascandola et Guy Canton se rencontrèrent à Alger. Jannick naquit à Bizerte (Tunisie) en
1948. À six ans, elle était orpheline de père : son père disparut en effet lors de la bataille de
Dien Bien Phû, en Indochine. Lors de l’indépendance de l’Algérie, en 1962, Jannick et sa
mère firent partie du million de réfugiés qui fuirent l’Algérie. Elles s’installèrent à Marseille, où
Jannick poursuivit ses études : Lycée Montgrand (baccalauréat en 1967), puis Faculté des
sciences de Marseille.
À la Faculté des Sciences de Marseille, Jannick suivit d’abord des études de biologie. Elle
obtint sa maîtrise en 1972. Plutôt que de continuer par une thèse, elle préféra s’engager
dans l’aménagement et la gestion, à l’Institut d’Aménagement Régional (IAR), ce qui lui
donnera une double compétence en biologie et en gestion, qui s’avèrera précieuse dans la
suite de sa carrière.
En 1975, Jannick fut chargée par le Parc national de Port-Cros (PNPC, Provence, France),
comme chargée de mission, de réunir et synthétiser les données biologiques sur la baie de
Hyères (où se situe l’archipel de Port-Cros). En 1976, elle fut recrutée sur le poste d’attachée
scientifique, nouvellement créé. Elle se trouva alors au centre de la ‘constellation’ constituée
par le président du Conseil d’Administration (CA), le directeur du Parc national, le président
du Conseil scientifique (CS) et les agents du Parc national. Par chance, ces personnalités
s’entendaient bien. La formation pluridisciplinaire de Jannick et son sens des relations humaines
participèrent largement à l’élaboration de ce qui sera la doctrine du PNPC. En outre, alors
que les présidents du CA et du CS, ainsi que le directeur du PNPC, changent rapidement,
Jannick a su représenter la continuité et la transmission de la doctrine du PNPC.
La doctrine du PNPC, qui s’est élaborée avec et grâce à Jannick Olivier, peut se résumer
en cinq points. (i) La réalité de la protection et de la gestion. Cela peut sembler trivial. Mais
la majorité des aires protégées sont des ‘parcs de papier’ (paper parks), purement fictifs en
l’absence de CS, de gardes, parfois même de directeur, ou des ‘parcs de brouillard’ (mist
parks), dont l’existence est réelle mais dont le pouvoir est velléitaire, permettant aux États
de ‘faire du chiffre’ face à leurs engagements internationaux. (ii) L’existence d’un CS. Le CS
du PNPC, depuis près de 60 ans, a toujours été renouvelé seulement en partie (tous les
4-7 ans), de façon à favoriser la transmission et la continuité de sa doctrine. (iii) Le pouvoir
du CS. Le CS a toujours travaillé en concertation avec les autres organes du PNPC. Il y a
acquis respect et crédibilité. La participation au CS des agents du PNPC (directeur, chefs
de service, agents de terrain) et du président du CA assure la transmission bottom-up et
top-down de l’information et l’efficacité des débats. (iv) Une recherche scientifique active,
basée sur le principe que l’on ne protège bien que ce que l’on connait bien. Les priorités ont
bien sûr évolué au cours du temps. (v) La publication d’une revue scientifique. En plus de
constituer un lien avec le territoire du PNPC, elle permet de diffuser les résultats et représente
donc une bonne utilisation de l’argent public destiné aux recherches. Cette doctrine, comme
l’efficacité de la gestion du PNPC, ont valu à Jannick Olivier, ainsi qu’à son directeur et aux
membres du CS, d’être souvent invités à des congrès, conférences et réunions techniques,
dans divers pays méditerranéens, pour y présenter le PNPC.
L’un des grands programmes que Jannick Olivier a pilotés est le programme posidonie. Il
répondait à la régression inquiétante des prairies à Posidonia oceanica. Il impliquait, à la
demande du Ministère français de l’Environnement, la création d’une structure susceptible
de gérer ce programme ; ce fut le GIS Posidonie (Groupement d’Intérêt Scientifique), créé
en 1982. L’évènement fondateur fut l’organisation d’un congrès international (International
Workshop on Posidonia oceanica Beds) en 1983, à Porquerolles, auquel Jannick prit une
part déterminante, puis la publication des actes, un ouvrage de 454 pages, en 1984. La
protection légale en France de P. oceanica, en 1988, puis son inclusion dans l’Annexe I de
la Directive Habitats (directive européenne), en 1992, ont été la suite logique de ce congrès.
Un autre grand programme fut le programme phoque moine (Monachus monachus), une
espèce en danger critique de disparition. Ce fut malheureusement un échec tragique, avec
la disparition en Mauritanie de quatre des participants à une mission scientifique. Enfin,
Jannick Olivier s’est impliquée dans la création de MEDPAN, le réseau des gestionnaires
d’Aires Marines Protégées en Méditerranée.
En 1998, quand Louis Olivier, le mari de Jannick, fut nommé directeur du Parc national du
Mercantour, Jannick décida de le suivre et d’abandonner le PNPC. Ce fut un choix difficile, car
elle était passionnée par son travail et y était largement reconnue, en France et à l’étranger.
En 2015, quand Louis Olivier, alors directeur de l’Office National des Forêts en Corse, prit sa
retraite, tous les deux partirent pour la Bretagne.
En 1995, Jannick découvrit qu’elle était atteinte d’un cancer. Elle affronta l’épreuve avec
courage et volonté, se soignant (radiothérapie et chimiothérapie) tout en continuant à travailler.
En 1996, elle fut considérée comme guérie. Malheureusement, après 13 ans de rémission,
en 2009, la maladie se manifesta à nouveau. Elle l’emportera en 2019.
Jannick Olivier laisse une oeuvre, au sens le plus fort du terme : elle a très largement contribué
à l’élaboration de la doctrine et de la stratégie scientifiques du Parc national de Port-Cros,
et de leur pérennité dans le temps, qui ont assuré son efficacité et son succès, en même
temps que sa notoriété à l’échelle internationale.
Mots-clés : Gestion, Jannick Olivier, Méditerranée, Parc national, phoque moine,
Posidonia oceanica.

Authors Charles-François BOUDOURESQUE
Editor PARC NATIONAL DE PORT-CROS
Number of pages 21
Reference Sci Rep. Port-Cros natl. Park, 34: 23-43 (2020)
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