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À la recherche des geckos de Porquerolles

Faune

Cette année, en partenariat avec le Parc national de Port-Cros, l’école de terrain de lInstitut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie (IMBE) prospecte le patrimoine bâti de l’île de Porquerolles à la recherche de deux geckos protégés : la Tarente de Maurétanie (Tarentola mauritanica) et l’Hémidactyle verruqueux (Hemidactylus turcicus). L’objectif de cette étude est de comprendre l’impact de l’augmentation de la population de la Tarente de Maurétanie, espèce introduite, sur la population d’Hémidactyle verruqueux, l’espèce autochtone de l’île de Porquerolles.

Espèce discrète qui apparaît à la nuit tombée, l’Hémidactyle verruqueux est une espèce rare et protégée, aimant se réfugier dans les fissures des murs. Plus petite que la Tarente de Maurétanie, on le reconnaît grâce à son corps recouvert de tubercules blanchâtres et à ses doigts se terminant tous par une griffe. Autre différence entre les deux espèces, les lamelles digitales adhésives présentes sous les pattes de l’Hémidactyle sont divisées en deux, alors que la Tarente de Maurétanie ne présente qu’une ligne de ventouses.

La Tarente de Maurétanie, originaire d’Afrique du nord semble être apparue sur l’île de Porquerolles entre 1985 et 2001. Ce gecko, plus gros, se reconnaît à son corps recouvert de tubercules de forme conique et à sa tête plus volumineuse.

Présente uniquement au niveau du village de Porquerolles au début de son implantation, la Tarente se multiplie sur l’île, se retrouvant aujourd’hui jusqu'à l'hôtel du Langoustier, à la pointe ouest de l’île, ou encore à la pointe de la Galère. Plus grosse que l’Hémidactyle, la Tarente semble rentrer en compétition pour l’habitat et la nourriture. La Tarente, contrairement à l’Hémidactyle, apprécie les espaces éclairés. L’augmentation de l'éclairage entraîne une augmentation des habitats disponibles pour les Tarentes au détriment des Hémidactyles.

Des études ont montré que sous une source lumineuse les Tarentes sont présentes proches de la lumière, alors que les Hémidactyles, plus discrèts sont plus éloignés, là où la nourriture est moins abondante. La possibilité d’une prédation des jeunes Hémidactyles par les Tarentes n’est pas exclue, compte-tenu de la taille plus importante des Tarentes et du caractère de prédation pouvant exister entre les reptiles.

À la nuit tombée, par groupe de quatre, les étudiants en master 2 "Gestion adaptative de la biodiversité" de l'IMBE inspectent les façades du village, des forts Sainte-Agathe, du Lequin et de l'Alycastre, et du cimetière à la recherche des deux espèces de geckos. Des points d’observation, espacés au minimum de 30 m, ont été préalablement sélectionnés. Les étudiants vont rechercher durant quatre nuits la présence ou l’absence des geckos au niveau de ces zones.

Un individu observé est identifié (espèce, adulte/juvénile) et sa position est relevée (localisation et hauteur sur le mur). L’exposition de la façade, l’intensité de la lumière - mesurée à l'aide d'un luxmètre-, la présence de fissures, de végétation ainsi que l'accessibilité au toit sont aussi relevés pour chaque observation. Les résultats de l’étude des étudiants de l’IMBE seront présentés au Parc national de Port-Cros au début de l'année prochaine, ce qui permettra d’apporter de nouvelles connaissances sur le territoire et sur ces petits reptiles peu étudiés.