The 2022 mass flowering of Posidonia oceanica in the French Mediterranean Sea: is it unprecedented?

Autheurs : Serena ANDRÉ, Patrick ASTRUCH, Charles-François BOUDOURESQUE, Bruno BELLONI, Vincent BARDINAL, Jordi BOADA, Éric CHARBONNEL, Edouard CHÉRÉ, Jean-Michel COTTALORDA, Tristan ESTAQUE, Bruno FERRARI, Dorian GUILLEMAIN, Virginie HARTMANN, Romain HUBERT, Stéphane JAMME, Arthur LAZENNEC, Noëmie MICHEZ, Heike MOLENAAR, Briac MONNIER, Gérard PERGENT, Christine PERGENT-MARTINI, Alexis PEY, Thomas SCHOHN, Nuria TEIXIDÓ

La floraison massive de 2022 de Posidonia oceanica en Méditerranée française est-elle sans précédent ? La floraison de la magnoliophyte marine Posidonia oceanica se produit en automne. Elle est irrégulière d’une année sur l’autre et en fonction des localités. Des floraisons massives se produisent en moyenne tous les 10 ans. Les températures estivales élevées favorisent la floraison. Toutefois, la floraison ne dépend pas seulement de la température estivale élevée, mais aussi du temps écoulé depuis le précédent épisode de floraison ; en effet, une floraison massive nécessite l’accumulation à long terme de carbohydrates de réserve dans les rhizomes.

La floraison qui a suivi la vague de chaleur spectaculaire de l’été 2022, dans le nord-ouest de la Méditerranée, est cohérente avec ce modèle : la précédente floraison massive date de presque 10 ans. Malheureusement, il y a un manque de données précises sur les floraisons massives qui ont précédé celle de 2022 : densité des inflorescences, en fonction de la profondeur et de la densité des faisceaux, taux de production de fruits, etc. Cela rend difficiles les comparaisons. L'objectif de cette étude est de décrire la floraison massive des herbiers de P. oceanica observée sur le littoral méditerranéen français, d'analyser l'influence de la profondeur et de la localité, et de déterminer si elle est sans précédent.

Des inflorescences ont été observées dans toutes les localités explorées et à toutes les profondeurs (de la surface à environ 21 m). L’intensité moyenne de la floraison de 2022 atteint 20.5 % le long des côtes françaises et la densité de floraison (FD) est égale à 119 ± 128 inflorescences par m² (maximum à Sormiou à 10 mètres de profondeur avec un FD de 423 infl./m²). Des différences entre les zones sont observées : la plus forte intensité de floraison a été observée au Cap d’Antibes (Côte d’Azur) et à Sormiou (près de Marseille) : 41 %. L’intensité de floraison a été plus faible dans le Golfe du Lion (ce qui est logique, en raison des basses températures hivernales) et en Corse (ce qui est inattendu). En accord avec certains précédents épisodes de floraison massive, l’intensité de la floraison augmentait généralement avec la profondeur. Quoi qu’il en soit, la question : ‘Cette floraison est-elle sans précédent ?’ ne peut pas être résolue en raison de l’absence de données précises sur les floraisons antérieures. Mais cette question est peut-être futile : il est possible que la densité de floraison soit limitée par la capacité maximale de stockage des carbohydrates par les rhizomes. De nombreux signes de prédation sur les inflorescences ont été observés et, comme c’est généralement le cas, la plupart des fleurs n’ont pas produit de fruits ; toutefois, la production de fruits, à l’échelle de la Méditerranée française, peut être estimée à 14 ± 45 fruits/m² d’herbier, ce qui est considérable. L’intensité de fructification (FrI), d’une moyenne de 13 %, est plus importante en profondeur, ce qui peut être expliqué par une plus forte prédation dans les
eaux moins profondes.

Au total, même s’il n’est pas possible d’affirmer que la floraison de 2022 est sans précédent, elle peut être qualifiée d’exceptionnelle. L’énorme production de graines qui en résulte contribuera probablement à la recolonisation naturelle de P. oceanica, là où les herbiers ont été dégradés du fait de l’homme.